Aujourd’hui, je vous emmène à la rencontre d’un artisan qui exerce un métier un peu spécial. Taïpan Whipmaker, de son vrai nom Mathias, est, du haut de ses 31 ans, un des rares artisan tresseur de fouet de France et d’Europe. Chose encore plus rare, il se dédie uniquement à la création de fouets à vocation principalement érotique. Alors comment en arrive-t’on à faire ce métier ? Pour Mathias, c’est une évidence qui remonte à la plus tendre enfance. Laissez-moi vous raconter.
Avant de poursuivre, j’aimerai préciser quelque chose qui a son importance. Dans cet article j’utiliserais le mot « fouet » comme on a tendance à utiliser le mot « sushi » pour désigner l’ensemble des mets suivants « Sashimi / Sushi / maki / futomaki / chirashi / temaki … ». Un whipmaker tresse en fait différents types d’objets que je vous présenterais plus tard comme le « martinet », le « cerbère », la « cravache » et bien d’autres. Je continuerai donc avec l’utilisation du mot générique Fouet pour faciliter la lecture.
Le père de Mathias est luthier et il l’accompagnait souvent à son atelier et a ainsi développé très jeune un amour des objets manufacturés. Pour lui, il y a eu d’abord une attirance pour la matière, avec les matériaux que pouvait utiliser son père et qui s’est ensuite étendue au fur et à mesure qu’il en découvrait de nouveaux. Après un certain temps, l’assemblage de ces matériaux lui a fait découvrir une nouvelle obsession : la recherche de l’objet vrai, cette volonté de créer à partir de ces matières qui lui sont si chères un objet unique et exceptionnel.
La passion des fouets lui vient aussi de l’enfance. Que ce soit Zorro ou Indiana Jones, ces héros l’ont marqué ! Voyant leur fils développer son imaginaire avec des fouets bricolés à partir de cordes d’escalade, ses parents décident de lui offrir son premier Bullwhip..
Il avoue (et on le sent lorsqu’on le regarde) que lorsqu’il tresse il se retrouve projeté en arrière et il renoue avec des sensations et des plaisirs enfantins. Il ne voit pas les heures passer et peut rester plusieurs jours sur un projet alors qu’il en est incapable en faisant autre chose. Au point ou c’est la seule activité qui arrive à lui faire oublier de manger. Comme il le dit lui-même ; « la patience vient avec la passion ».
Comme beaucoup de notre génération, Mathias n’entendra pas l’appel de l’évidence et se cherchera, lui-même et sa voie professionnelle pendant de nombreuses années. Même s’il est aujourd’hui détenteur d’une licence en archéologie, qu’il a pratiqué la guitare au conservatoire et a un passé de comédien, il admet que l’artisanat et le fouet ont toujours été en lui et avec lui.
La révélation se fera alors qu’il est en couple et qu’il lui fait découvrir le BDSM. Comme cadeau personnalisé, il décide de lui créer un fouet lui-même. Il va alors se former et mettre tout en œuvre pour réussir. Qui aurait pu dire qu’un simple geste amoureux marquerait le début d’une telle aventure ! Très vite soutenu par ses proches il trouvera la confiance nécessaire pour continuer à progresser auprès de ses clients et il se sent porté par ces derniers. A l’entendre, leur satisfaction est une sensation plus tangible que les matériaux qu’il utilise.
Au même moment il participe à son premier Munch. Il s’agit, dans le milieu BDSM, d’une soirée, généralement dans un restaurant ou un bar, ou plusieurs pratiquants, mais également des Vanilles (Personnes non adepte du BDSM) curieux et/ou souhaitant s’initier se rencontrent, échangent et font connaissance. Ce sera pour Taipan un tournant lui permettant d’obtenir, en plus d’une recherche personnelle, un premier carnet d’adresses mais aussi divers retours et instructions sur ce que certaines personnes attendent de tel ou tel instrument, ce qui lui permettra au fur et à mesure d’adapter encore plus son art.
Après plusieurs essais et de longues recherches c’est avec du cuir de kangourou que Mathias réalise la plupart de ses œuvres. Comme il me l’explique, avec l’aide de plusieurs lanières pour étayer son propos, le cuir de kangourou dispose du plus grand coefficient de résistance, autrement dit, à épaisseur égale (rt pour un bel objet, bien fin, dessiné et détaillé il nous faut des lanières très fines), c’est le cuir qui s’étire et se déforme le moins. Ceci est important car il faut considérer le fouet comme un vecteur : il permet de transférer et d’accélérer l’énergie du bras vers le cracker (pointe du fouet). Un cuir dense et qui ne s’étire pas, ou peu, va donc permettre un bon transfert sans aucune perte d’énergie.
Ce cuir est évidemment endémique à l’Australie et l’importer en France n’est pas chose aisée, d’autant plus qu’il cherche à obtenir des peaux de kangourou intégrales afin de pouvoir les tailler lui même en fonction de chaque patron et ainsi éviter la perte et permettre une finition encore plus précise.
Récemment il a commencé à se rapprocher d’autres corps d’artisanats afin de créer des manches et
autres portions uniques en rapport avec les commandes des clients. Personnellement il a tendance a
préférer la perfection de la simplicité d’un fouet intégralement conçu en cuir.
Si vous voulez en savoir plus sur cet artisan strasbourgeois atypique, je vous invite à aller faire un tour sur ses résow sociow :
Site : www.taipanwhip.com
Facebook : Taïpan Whipmaker
Insta : Taïpanwhipmaker
Fetlife : TaïpanWhip
Rémi Juan-Lelandais
Source: https://pokaa.fr/2018/11/29/taipan-whipmaker-cet-artisan-strasbourgeois-tresseur-de-fouets-erotiques/
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