vendredi 5 juillet 2019

Homosexualité, une maladie?




GUÉRIR DE L’HOMOSEXUALITÉ EN DEUX ANS… AUX FRAIS DE L’ASSURANCE


Très en vogue, l'EMDR (ici une démonstration) s'appuie sur les propriétés du mouvement rapide des yeux.


Le magazine alémanique «Gesundheitstipp» a débusqué un nouveau médecin proposant une «thérapie de conversion» couverte par la LAMal. Pink Cross demande des mesures.

«Une atteinte à la déontologie»: voilà comment un rapport du Conseil fédéral qualifiait en 2016 les «thérapies» censées guérir de l’homosexualité, tout en minimisant leur existence en Suisse. Pourtant, faute d’une interdiction explicite, elles restent toutefois pratiquées, comme l’a montré l’été dernier en Suisse romande l’affaire du Dr Henry. Un nouvel exemple est fourni cette semaine par le magazine de santé alémanique «Gesundheitstipp», qui a déniché un psychiatre prêt à «traiter» de jeunes homosexuels: le Dr Lukas Kiener, établi dans le canton de Schwytz.

Au terme d’une longue approche par e-mail, où ce médecin FMH s’était montré méfiant («Comment êtes vous arrivé à moi?» avait-il demandé), un faux patient de 24 ans accompagné par une journaliste a décroché un rendez-vous. Kiener y a détaillé sa méthode, consistant notamment à analyser les modèles de son client et à savoir s’il a été abusé sexuellement.

Stress post-traumatique
Le praticien a expliqué qu’il utilisait la technique EMDR («Eye Movement Desensitization and Re-processing»), qui a fait ses preuves auprès de personnes ayant subi un stress post-traumatique, notamment des soldats de retour d’une zone de conflit. En outre, pour procéder à cette «reprogrammation», le jeune client devait amener des photos d’hommes qui lui plaisent – y compris pornographiques. «Quand on est entièrement homme, que l’on se sent pleinement bien dans son sexe, alors seulement l’autre sexe devient intéressant», a expliqué le Dr Kiener.

Le psychiatre a prévenu que la thérapie durerait au moins deux ans. Les 40 premières séances seraient prises en charge d’office par l’assurance maladie de base. Ensuite il devrait faire une demande, «ce que les caisses maladie acceptent pratiquement toujours», selon le médecin. Au jeune «patient» qui faisait mine de s’inquiéter du risque de rechute, le Dr Kiener a assuré que l’hétérosexualité était «un état très stable».

Influence religieuse
«Gesundheitstipp» rappelle que ce type de thérapie est populaire auprès des églises évangéliques, qui attribuent l’origine du «mal» à un désordre familial. Le Dr Kiener est lui-même proche de ce mouvement protestant ultraconservateur, comme l’indique une interview à la revue «Campus für Christus». Il y confiait qu’il priait pour ses patients.

Les confrères du Dr Kiener sont sévères. Pour le psychologue Henri Guttmann, ces pratiques s’apparentent à de l’«abus psychologique». Représentant de l’association professionnelle EMDR Suisse, le Dr Olivier Piedfort s’alarme quant à lui d’un mésusage de la technique: «L’EMDR ne peut pas forcer les patients dans une orientation sexuelle particulière.»

Un «comble»
L’article de «Gesundheitstipp» est sorti dix jours après le dépôt d’une motion au Parlement fédéral, à l’initiative de la conseillère nationale Rosmarie Quadranti (PBD/LU), visant à interdire pénalement les «thérapies de conversion», comme l’a récemment fait l’Autriche. Voir ces pseudo-traitements remboursés par l’assurance maladie est «un comble», réagit pour sa part Pink Cross: «Nous payons toutes et tous par nos primes des traitements prouvés inefficaces et qui ont des conséquences dramatiques pour les personnes LGBT+ qui y sont confrontés.» L’organisation a lancé une pétition pour appeler le Conseil fédéral à agir.

Source : https://360.ch/suisse/51921-guerir-de-lhomosexualite-en-deux-ans-aux-frais-de-lassurance/

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