«Je voulais représenter un secteur des arts et la partie d’une communauté qui, selon moi, n’est pas assez ou mal représentée», explique Aaron Walker.
Depuis mars 2016, ce photographe effectue un travail de portraits d'artistes travestis. «Les travestis que j'ai photographiés considèrent leur travail comme une performance artistique. Certains veulent penser leur personnage comme une vision extrême d’eux-mêmes qui transcende le genre binaire de l’homme à la femme ou vice-versa, ce qui provoque souvent une riche discussion sur ce que signifie le travestissement aujourd’hui comme forme d’art.»
Les tirages sont actuellement en vente pour financer une exposition future intitulée #Dragformation et la réalisation d'un livre.
«J’ai toujours besoin de travailler sur des projets artistiques en parallèle à mes commandes commerciales. Mes projets personnels me permettent de travailler ma créativité d’une manière désinhibée. J’ai débuté ce projet parce que je voulais faire plus de portraits plutôt que des images en mouvement que j’ai plus l’habitude de faire.»
«Je suis allé à un spectacle travesti où mon ami David/Linda Lamont était la vedette. Ce qui m’a le plus marqué, c’est le processus de transformation, plus encore que le spectacle lui-même. J’ai su qu’il fallait que je tente de capter cela de façon à ce que l’on voit à la fois le quotidien naturel mais aussi le fabuleux et le spectaculaire. J’ai donc choisi le diptyque pour transmettre l’effet du look de l’artiste et le personnage de la rue à la scène.»
«J’ai présenté une série de six portraits à d’autres photographes et sur les réseaux sociaux. J’ai été invité pour une exposition à Sydney dans la Watch This Space gallery et c’est à ce moment-là que j’ai réalisé que j’avais besoin de quatorze autres portraits tout en gardant à l’esprit qu’il s’agit de diptyques et qu’il fallait donc planifier, organiser, imprimer et encadrer vingt-huit autres portraits en six semaines!»
«#Dragformation est un documentaire social d’artistes travestis australiens. Il célèbre leurs talents et leur créativité et sensibilise les consciences au travestissement comme une forme d’art. J’espère que ceux qui regardent mes photos ont ensuite un sentiment de respect et d’admiration pour ces artistes en en Australie.»
«Je souhaite aussi que mon travail informe et encourage le dialogue sur ce qu’être travesti veut dire pour le spectateur et débuter une conversation afin de comprendre que les travestis jouent un rôle majeur dans notre communauté.»
«Ce que j’ai vu et appris des artistes que je connais maintenant, c’est que les
travestis jouent de grands rôles dans la culture queer. L’un d’entre eux est de pousser
les limites, se définir et se construire comme un artiste et voir jusqu’à quel point il est possible de prendre une idée, une compétence, un personnage ou une identité. C’est une façon de se réinventer sans restrictions sociales. Cela crée en retour une quantité impressionnante de variétés artistiques de transformation et de subversion, un genre d’artistes qui ne veulent pas se conformer aux limites tragiques et traditionnelles des distinctions sociales entre hommes et femmes.»
«Même si le travestissement est un petit genre au sein d’une culture minoritaire, ce sentiment d’appartenance à une famille d’artistes similaires valorise et inspire. Je pense qu’il y aura toujours des artistes travestis à l’avant-garde de la culture queer qui est obligée de questionner, confronter, subvertir, divertir, dépasser les limites que la société impose à la communauté.»
«J’ai cherché des artistes anciens ou actuels mais j’ai aussi voulu inclure des individus qui ont une affinité avec le travestissement mais n’ont pas encore passé le pas jusqu’à monter sur scène. Mon but était de traduire et présenter une vision aussi large et diverse que possible de la communauté LGBT en Australie mais j’ai été pris par le temps et par les contraintes de distance, je n’ai pas encore atteint mon but.»
«Ce travail a demandé une réorganisation constante des séances de prises de vue car
les artistes sont souvent occupés avec leurs spectacles. En plus, ils sont debout toute la nuit et dorment le jour, l’exact contraire de moi. J’organisais les prises de vue en groupe, ce qui était drôle pour tout le monde. Le processus de transformation de chacun avait lieu dans le studio pour que je puisse documenter l’ensemble du changement.»
«Les artistes viennent tous d'horizons différents. Lachlan “Loki” Rickus par exemple est un artiste qui se produit à Adelaïde, en Australie et dans le monde entier depuis plus de dix-huit ans. Il est formé au ballet, au cirque, à la gymnastique et au théâtre musical. En 2006, Loki a eu un accident de voiture et s'est cassé le cou, depuis il est remonté sur scène pour mixer ses genres et créer son propre “Cabaret Identity”. Il coordonne le projet The Fair Ground qui a pour but de faciliter l’accès, les recherches et la création d’opportunités professionnelles afin de repenser la signification du terme “handicap”.»
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